Sachets plastiques non biodégradables interdits au Bénin, où en est-on ?

Article : Sachets plastiques non biodégradables interdits au Bénin, où en est-on ?
Crédit: Avaaz
4 juillet 2022

Sachets plastiques non biodégradables interdits au Bénin, où en est-on ?

L’Assemblée nationale béninoise a voté le 3 novembre 2017 une loi interdisant la production, l’importation, l’exportation, la commercialisation, la détention, la distribution et l’utilisation de sachets en plastiques non biodégradables. Cette loi est entrée en vigueur depuis août 2018. Malheureusement, les fruits n’ont pas tenu la promesse des fleurs.

L’omniprésence des sachets en plastiques dans les ruelles, caniveaux et dans les marchés  prouve que les sachets plastiques sont toujours utilisés comme emballages au Bénin. Ce qui est contraire à la loi qui dispose qu’ il ne devrait même plus exister de sachets plastiques non biodégradables au Bénin. L’article 5 dit  que : « sont également interdits le déversement, le jet des sachets en plastique dans les rues et autres lieux publics, en milieu urbain et rural, dans les infrastructures des réseaux d’assainissement, dans les cours et plans d’eau et leurs abords, par-dessus bord des véhicules ».

Ainsi plusieurs mesures répressives sont prévues en cas d’infractions. L’article 11 énonce que : « Toute entreprise qui produit ou importe les sachets en plastique en contravention des dispositions de l’article 5 est punie d’une amende de dix millions de francs CFA à vingt millions de francs CFA et d’un emprisonnement de trois à six mois ou de l’une de ces deux peines seulement. En cas de récidive l’amende est portée au double.

Et l’article 12 insiste que : « Quiconque commercialise, distribue et détient les sachets en plastique en contravention des dispositions de l’article 4 est puni d’une amende de cent mille francs CFA à cinq millions de francs CFA ».

Les articles 13 et 16 précisent respectivement que : « Quiconque déverse ou jette les sachets en plastique dans les infrastructures des réseaux d’assainissement, dans la mer, les cours et plans d’eau et leurs abords est puni d’une amende de cent mille francs CFA à cinq cent mille francs CFA.

En cas de récidive l’amende est portée au double » et que : « Toute personne qui jette un sachet en plastique par-dessus bord des véhicules est punie d’une amende allant de cinq mille francs à cent mille francs CFA. Le propriétaire du véhicule par-dessus bord duquel les sachets en plastique est jeté est également puni d’une amende de cinq mille francs CFA ». Mais en dépit des répressions successives après le vote de la loi, les consommateurs, les importateurs et détaillants ont repris leurs habitudes dès que les autorités judiciaires et les ministères  en charge de la lutte ont baissé la garde.  

Coup de gueule d’une militante écologiste

« Beaucoup de gens continuent d’utiliser les sachets plastiques au quotidien sans se poser la question du sort qui leur est réservé. Le sachet que nous utilisons pendant dix minutes aujourd’hui, va continuer par détruire l’environnement sur plusieurs décennies. Je suis assez déçue et découragée parce que j’estime que nous n’avons pas évolué. Nous avons beaucoup parlé, fait beaucoup de longs et beaux discours, mais rien n’a changé dans la réalité. En dehors des magasins, des supermarchés et pharmacies qui ont essayé de mettre en place des emballages autres que le sachet  plastique, rien n’a changé dans le quotidien des vendeurs et usagers des marchés…Malheureusement, les fabricants, les importateurs, les distributeurs, les commerçants continuent leur sale besogne au vu et au su de nos autorités qui ne se donnent pas vraiment  les moyens d’arrêter ce phénomène. », déplore l’activiste Sandra Idossou dans une interview relayée par le journal Matin Libre. Le Bénin s’est doté, certes, d’une législation, mais l’application et les mesures répressives posent problème. C’est le statu quo au niveau des autorités.

À quoi nous exposent les sachets plastiques sur le plan environnemental ?

sachets plastiques
Credit photo: Avaaz

Les sachets plastiques jetés un peu partout polluent la nature. En raison de leur longévité, les sachets plastiques s’accumulent dans le sol pour former des couches imperméables à l’eau. les sachets plastiques usagés enfouis sous le sable, empêchent l’eau de s’infiltrer pour atteindre les nappes phréatiques. Ils provoquent la stagnation des eaux. Ces dernières favorisent, à leur tour, la multiplication des moustiques. Conséquence ? Ils contribuent donc indirectement à propager le paludisme qui constitue un véritable fléau chez les populations. Les sachets échoués dans les caniveaux provoquent aussi le bouchage des canaux de conduite et d’évacuation des eaux et des déchets liquides divers. Ce qui est parfois la cause des inondations en saisons pluvieuses. 

En 2011, le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) a notifié dans son rapport annuel que plus de 260 espèces seraient piégées par des déchets, ou les auraient ingérés. Les matières plastiques constituent un danger pour les animaux domestiques, notamment les chèvres, les moutons et les bœufs, pour qui elles peuvent être mortelles. Pour Greenpeace, sur les 100 millions de tonnes de plastique produites chaque année, près de 10 % finissent dans les océans. Et 70 % des plastiques s’enfoncent dans la mer alors que le reste navigue au gré des courants. Les impacts environnementaux des sachets plastiques non-biodégradables sont énormes. Il est temps que les autorités punissent.

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