Viol sur mineures : atteinte à la dignité de l’enfant

Article : Viol sur mineures : atteinte à la dignité de l’enfant
Crédit: Autre Presse
31 octobre 2022

Viol sur mineures : atteinte à la dignité de l’enfant

Au Bénin, la violence contre les enfants demeure un véritable casse-tête. Chaque année, de nombreux scandales de viols sont perpétrés à l’encontre des filles . Ainsi, entre janvier et septembre 2021, Abomey Calavi seule a enregistré 26 cas de viols sur des mineures âgées de 4 à 15 ans. En novembre 2021, à Zè, deux hommes âgés ont commis un viol sur une fille en classe de 4 ème. Au cours du même mois, un homme de 27 ans a comparu à Lokossa pour des actes similaires sur la nièce de sa femme, une fillette de 11 ans. En mars 2022, les autorités ont arrêté un septuagénaire à Parakou pour le viol d’une adolescente de 15 ans. À Ségbana, un cultivateur de 30 ans a été interpellé pour le même crime sur une fillette de 9 ans en avril 2022. De même, à Bori dans la commune de N’Dali, un instituteur de 33 ans en classe de CE2 a abusé sexuellement de son élève de 9 ans. L’Institut National de la Femme a enregistré dix-huit cas de viols sur des mineures entre septembre 2021 et août 2022, dont six fillettes âgées de 0 à 7 ans et cinq de 9 ans. Sans compter les cas isolés qui échappent à l’attention des médias et des autorités judiciaires.

Les conséquences du viol sur les jeunes âmes innocentes

Credit : La Nation

Les viols sur les mineures sont de graves atteintes aux droits fondamentaux de l’enfant. « La violence sexuelle à l’encontre des enfants est unanimement considérée comme une des pires formes de violation des droits de l’enfant, une grave atteinte à la dignité, à l’intégrité mentale et physique et au développement de l’enfant. » informe l’UNICEF Maroc. Il en résulte de nombreuses conséquences pour la victime. Amnesty Belgique dresse sur son site internet les conséquences physiques découlant directement du viol, telles que des douleurs aiguës, des plaies au vestibule et une perforation hyménale. La transmission d’une infection sexuellement transmissible est également possible. À moyen terme, les victimes peuvent connaître des grossesses précoces ou non désirées. Par exemple, une fille de 16 ans violée par un étudiant de 19 ans a subi des examens médicaux ayant montré qu’elle était enceinte de 5 mois 2 semaines. De même, un père de famille a eu des rapports sexuels avec sa fille de 16 ans, ce qui a entraîné sa grossesse précoce. Selon le Professeur Armand LEQUEUX médecin gynécologue, le viol peut entraîner chez la victime des conséquences mortelles. En effet, il peut y avoir un meurtre pendant le viol ou un décès dans les jours suivants en raison d’un avortement non sécurisé et complications des hémorragiques.

La pression sociale, un obstacle à la justice pour les victimes

Credit: ORTB

La plupart de ces viols sont commis au sein du cercle familial ou par des personnes proches des enfants. Sous la pression sociale ou familiale, certains parents abandonent les poursuites judiciaires. Lors de la session extraordinaire du comité communal de protection des enfants le 2 septembre 2021, qui portait sur la recrudescence des cas de viols dans la commune d’Abomey Calavi, l’officier de police judiciaire au commissariat de ladite commune, Alirou Ayamoudou, a déclaré : « quand un cas de viol survient, les parents de la victime saisissent la police. Lorsque nous nous mettons en action, les mêmes parents viennent nous supplier demandant à régler l’affaire en famille au lieu d’aller au tribunal, car, disent-ils souvent, on ne va pas détruire la famille à cause de ça. ». Madame Léontine, interrogée par le journal Daabaaru a raconté : « Le jour où ma fille de 10 ans m’annonçait qu’elle était agressée par son oncle, j’étais bouleversée. Ma position était sans ambage : protéger mon enfant et  traduire l’auteur en justice. Mais quelles pressions n’avais-je pas subies de la part de ma famille lorsque la procédure a été activée pour que je ne me prononce pas ? Ils considéraient la question comme une affaire de famille et souhaitaient éviter toute stigmatisation pouvant résulter du dépôt d’une plainte auprès des autorités judiciaires. La famille voulait  gérer la situation en interne. Malgré ma détermination d’aller plus loin, je n’ai pas pu. » Même si les parents des victimes renoncent à porter plainte, la loi doit prévaloir. Cette complicité de la communauté  expose davantage les victimes, qui doivent porter à vie les séquelles de ce triste épisode.

Protection légale et devoir citoyen

L’enfant est premièrement protégé en tant qu’être humain par le droit international. La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme,  dans son article 5, stipule que « Nul  ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. » Étant donné que les viols sur mineures sont considérés comme des actes cruels, inhumains ou dégradants, ce texte leur accorde une première protection légale. De plus, la  Convention relative aux Droits de l’Enfant, dans son article 19, affirme que les « États parties prennent toutes les mesures législatives, administratives, sociales et éducatives appropriées pour protéger l’enfant contre toutes formes de violence. » La cible 16.2 du Programme de développement durable préconise de : « Mettre un terme à la maltraitance, à l’exploitation et à la traite, et à toutes les formes de violence et de torture dont sont victimes les enfants. » Par conséquent, le  code pénal béninois prévoit une peine de 10 à 20 ans d’emprisonnement en cas de viol sur un mineur de plus de 13 ans, et la réclusion à perpétuité pour un enfant âgé de moins de 13 ans. Il incombe à chaque citoyen de protéger toute fille en dénonçant tout suspect ou auteur de viol.

Crédit : https://www.pinterest.fr/nounoudecalee/droits-fondamentaux-de-lenfant/
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