Viol sur mineures : nécessité de garantir aux enfants le droit à la protection

Au Bénin, la violence contre les enfants demeure un défi dans les zones rurales et urbaines. Chaque année, plusieurs scandales de viols sur mineures sont annoncés. Ainsi de janvier à septembre 2021, Abomey Calavi a enregistré 26 cas de viols sur mineures âgées de 4 à 15 ans. En novembre 2021, une fille en classe de 4 ème était violée par deux hommes à Zè pendant deux jours. Dans le même mois, un homme de 27 ans a comparu à Lokossa pour de pareil acte sur une fillette de 11 ans, une nièce de sa femme. En mars 2022, un septuagénaire est arrêté à Parakou pour viol d’une adolescente de 15 ans. À Ségbana, un cultivateur de 30 ans est interpellé pour un crime sexuel sur une fillette de 9 ans en avril dernier. Autant à Bori dans N’Dali, un maître de CE2 âgé de 33 ans a abusé sexuellement de son élève de 9 ans. Dix-huit cas de viol sur mineures sont enregistrés par l’Institut National de la Femme entre Septembre 2021 et Août 2022. Six fillettes entre la tranche de 00 à 7 ans et cinq de 9 ans y sont incluses. Ainsi se présente le tableau très inquiétant des violences sexuelles sur mineures au Bénin de 2021 à ce jour. Ceci sans compter les cas isolés échappant à l’attention des médias et des autorités judiciaires.
Le viol sur mineure, une atteinte à la dignité et au bien-être de l’enfant

Les viols sur mineures sont de graves atteintes aux droits fondamentaux de l’enfant. « La violence sexuelle à l’encontre des enfants est unanimement considérée comme une des pires formes de violation des droits de l’enfant, une grave atteinte à la dignité, à l’intégrité mentale et physique et au développement de l’enfant. » informe l’UNICEF Maroc. Il en résulte de nombreuses conséquences pour la victime. Amnesty Belgique dresse sur son site internet les conséquences physiques découlant directement du viol. Ce sont des douleurs aiguës, plaies du vestibule, perforation hyménale. La transmission d’une infection sexuellement transmissible est possible. À moyen terme, les victimes peuvent attraper des grossesses précoces ou non désirées. Par exemple, chez une fille de 16 ans violée par un étudiant de 19 ans, les examens médicaux ont montré qu’elle était enceinte de 5 mois 2 semaines. De même, un père de famille a violé et engrossé sa fille de 16 ans. Selon le Professeur Armand LEQUEUX médecin gynécologue, le viol peut entraîner chez la victime des conséquences mortelles. En effet, on peut observer le meurtre au cours du viol ou décès dans les jours suivants suite à un avortement non sécurisé et à des hémorragies.
Les pressions sociales et partisanes encouragent l’impunité des auteurs
La plupart de ces viols sont commis dans le cercle familial et par des gens proches de ces enfants. Sous des pressions sociales ou familiales, certains parents abandonnent les poursuites judiciaires. En effet, « quand un cas de viol survient, les parents de la victime saisissent la police. Lorsque nous nous mettons en action, les mêmes parents viennent nous supplier demandant à régler l’affaire en famille au lieu d’aller au tribunal, car, disent-ils souvent, on ne va pas détruire la famille à cause de ça. » Ce sont là les révélations de l’officier de police judiciaire au commissariat d’Abomey-Calavi Alirou Ayamoudou. C’était le 2 septembre 2021 pendant la session extraordinaire du comité communal de protection des enfants portant sur la recrudescence des cas de viols dans cette commune. « Le jour où ma fille de 10 ans m’annonçait qu’elle était agressée par son oncle, j’étais bouleversée. Ma position était sans ambage : protéger mon enfant et traduire l’auteur en justice. Mais quelles pressions n’avais-je pas subies de la part de ma famille lorsque la procédure a été activée pour que je ne me prononce pas ? Ils considéraient la question comme une affaire de famille et souhaitaient éviter toute stigmatisation pouvant résulter du dépôt d’une plainte auprès des autorités judiciaires. La famille voulait gérer la situation en interne. Malgré ma détermination d’aller plus loin, je n’ai pas pu. » raconte Dame Léontine interrogée par le journal Daabaaru. Même si les parents des victimes désistent, force doit rester à la loi. Cette complicité de la communauté expose davantage les victimes. Elles sont obligées de porter à vie les séquelles de ce triste épisode de leur vie.
Les droits international et national garantissent la protection de l’enfant
L’enfant est premièrement protégé, en tant qu’être humain, par le droit international. La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme consacre en son article 5 que « Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. » Considérant que les viols sur mineures sont des actes cruels, inhumains ou dégradants, une première protection légale leur est ainsi accordée par ce texte. La Convention relative aux Droits de l’Enfant postule dans son article 19 que les « États parties prennent toutes les mesures législatives, administratives, sociales et éducatives appropriées pour protéger l’enfant contre toutes formes de violence. » La cible 16.2 du Programme de développement durable préconise de : « Mettre un terme à la maltraitance, à l’exploitation et à la traite, et à toutes les formes de violence et de torture dont sont victimes les enfants. » Ainsi le code pénal béninois prévoit une peine de 10 à 20 ans d’emprisonnement lorsque le viol est commis sur un mineur de plus de 13 ans. Pour un enfant âgé de moins de 13 ans, c’est la réclusion à perpétuité. Chaque citoyen a aussi le devoir de protéger toute fille en dénonçant tout suspect ou auteur de viol.

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