Former à l’entrepreneuriat en Côte d’Ivoire : un devoir du système éducatif

Article : Former à l’entrepreneuriat en Côte d’Ivoire : un devoir du système éducatif
Crédit: Tumisu / Pixabay CC
22 août 2022

Former à l’entrepreneuriat en Côte d’Ivoire : un devoir du système éducatif

Face à la complexité des défis sociaux, économiques et écologiques auxquels notre humanité est confrontée, nous avons besoin de jeunes créatifs, motivés, entreprenants, audacieux, capables de déceler des opportunités, d’affronter le changement, de s’adapter et de collaborer… Lors de la clôture des assises de l’entrepreneuriat en 2013, le Président François Hollande, a indiqué : « notre premier devoir, c’est donc de stimuler l’esprit d’entreprise, l’initiative, dans tous les domaines. C’est d’abord le rôle de l’école ». L’école africiaine et spécifiquement ivoirienne parvient-elle à répondre à cet enjeu ? Bien que l’école ait la mission de préparer les élèves à leur future vie de citoyen, trop d’écoles fonctionnent dans le déni de la réalité du monde actuel. Sans prétendre faire de tous les jeunes des entrepreneurs, le système éducatif doit exposer les jeunes aux compétences nécessaires pour entreprendre. L’Organisation Internationale du Travail (OIT) souligne que la préparation aux compétences entrepreneuriales et compétences de vie doit concerner toutes les tranches d’âge.

Les défis de l’éducation à l’entrepreneuriat

Au Nigeria, le modèle du National Board for Technical Education (NBTE) pour l’intégration de la formation à l’entrepreneuriat dans les curricula stipule: « Pour gérer avec succès leur avenir, les jeunes doivent avoir un but clair et une attitude gagnante qui leur permettront de profiter des opportunités, que leur contexte soit personnel, commercial ou professionnel ou relève de l’emploi indépendant ou de la communauté. Face aux entreprises et secteurs qui demandent davantage de compétences et de connaissances pertinentes, les écoles se voient de plus en plus amenées à transmettre par leur enseignement des qualités entrepreneuriales. Il faut que les individus, dans leur vie tant professionnelle que privée, possèdent auto-motivation, créativité, flexibilité, ressources et propension à prendre l’initiative. En favorisant des qualités personnelles positives telles que la responsabilité, l’engagement, l’intégrité et l’esprit d’initiative, et les compétences de négociation et de travail en réseau, les enseignants renforcent l’aptitude des jeunes à s’investir plus pleinement dans leur communauté locale, maintenant et à l’avenir. » (NBTE, 2007). Selon l’UNESCO, la hausse de la part de jeunes dans les communautés, la montée du chômage dans de nombreux pays, les changements provoqués dans le marché du travail et notre économie par l’évolution technologique, ne sont que quelques-unes des raisons pour lesquelles nous devons doter les générations futures des compétences entrepreneuriales et leur insuffler l’esprit d’entreprise qu’il leur faut pour maîtriser un monde en pleine évolution. La formation à l’entrepreneuriat constitue la base des idées créatives et novatrices dont nous avons besoin pour réussir collectivement au XXIe siècle. C’est aussi une façon d’encourager la formation d’individus résilients qui apprendront tout au long de leur vie et sauront faire face aux bouleversements sociaux, économiques et écologiques.

QU’EST-CE QUE L’EDUCATION À L’ENTREPRENEURIAT ?

Dans une publication du Centre de ressources et d’ingénierie documentaires (Crid), Frederica Minichiello précise en novembre 2014 que « l’éducation à l’entrepreneuriat vise le développement de deux aptitudes : l’esprit d’entreprendre et l’esprit d’entreprise. Le premier, l’esprit d’entreprendre, est lié à la prise d‘initiatives qui est dissociée de l’intention de créer une entreprise. Le second, l’esprit d’entreprise, implique des compétences directement liées avec l’entreprise et la figure d’entrepreneur ». Le cadre de référence européen définit l’esprit d’initiative et d’entreprise comme l’aptitude d’un individu à passer des idées aux actes. Il suppose de la créativité, de l’innovation et une prise de risques, ainsi que la capacité de programmer et de gérer des projets en vue de la réalisation d’objectifs. Cette compétence est un atout pour tout individu, non seulement dans sa vie de tous les jours, à la maison et en société, mais aussi sur son lieu de travail, puisqu’il est conscient du contexte dans lequel s’inscrit son travail et qu’il est en mesure de saisir les occasions qui se présentent, et elle est le fondement de l’acquisition de qualifications et de connaissances plus spécifiques dont ont besoin tous ceux qui créent une activité sociale ou commerciale ou qui y contribuent. L’UNESCO explique sur la première page de son site web consacré à l’enseignement de l’entrepreneuriat « qu’encourager l’esprit d’entreprise et l’acquisition des compétences correspondantes dans les établissements du secondaire permet de faire davantage prendre conscience aux jeunes des opportunités de carrière et des moyens de contribuer au développement et à la prospérité de leurs communautés. Cela permet de réduire la vulnérabilité des jeunes ainsi que la marginalisation sociale et la pauvreté. »

Certains pays africains ont déjà intégré la formation à l’entrepreneuriat dans le système éducatif

En 2019, comme le rapporte MICROSAVE CONSULTING, le ministère ivoirien de l’Éducation nationale et de l’Enseignement technique en partenariat avec l’Organisation internationale des écoles communautaires entrepreneuriales conscientes et l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) a décidé d’intégrer l’entrepreneuriat dans le système scolaire allant du préscolaire au secondaire. L’objectif est de “former le leadership de l’enfant, de le rendre responsable, autonome et de former un nouveau ivoirien entreprenant, véritable pierre angulaire d’une Côte d’Ivoire émergente et développée” mentionne notamment Effimbra Nicolas, inspecteur général de l’éducation nationale en Côte d’Ivoire et coordonnateur de la vie scolaire.

Dans la publication du journal Le Monde parue le 24 Février 2020 et consultable gratuitement, l’on apprend que l’entrepreneuriat est enseigné au Rwanda depuis 2016 au même titre que la géographie ou les mathématiques. Le programme scolaire est basé sur les compétences pratiques pour préparer les élèves du secondaire à la réalité du monde du travail et leur donner les outils pour être des « créateurs d’emploi » plutôt que des « demandeurs d’emploi ». Pour accompagner ces changements, le gouvernement collabore avec l’organisation non gouvernementale (ONG) américaine Educate !, également présente en Ouganda et au Kenya. En trois ans, elle a formé environ 1 200 professeurs, dans plus de 350 établissements, à sa pédagogie qui place l’élève au centre de l’enseignement. « Nous voulons que les élèves développent des compétences adaptées au XXIe siècle grâce à des cours basés sur la pratique et l’expression orale », explique Donnalee Donaldson, directrice d’Educate ! au Rwanda. L’ONG valorise particulièrement le développement de « compétences relationnelles » telles que le travail en équipe, le leadership et la prise de parole en public.

Gerard Mawutondji

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